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L’Epopée 2000

12-01-2014 15:52

Assez souvent, nous allons revenir avec vous sur cette historique “Epopée 2000” du CRUFC. Et pour ce, rien de mieux que les acteurs de cette formidable aventure humaine…

4e Tour Campagne-les-Hesdin (1re div. Dist.) – CRUFC : 0-10

Buteurs : Rioust (14e), Gérard (18e, 26e et 56e), Dutitre (37e, 82e et 83e), Hogard (44e), Boulanger (52e sur pen.) et Vermandel (68e).

5eTour Saint-Nicolas-les-Arras (Régionale) – CRUFC : 1-3

Buteurs : Jandau (2e), Gérard (28e) et Becque (33e sur pen.)

6e Tour Marly-les-Valenciennes (CFA 2) – CRUFC : 1-2

Buteurs : Gérard (6e) et Dutitre (76e)

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7e Tour Béthune (CFA 2) – CRUFC : 0-1

Buteur : Dutitre (90e)

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8e Tour CRUFC – Dunkerque (CFA) : 4-0

Buteurs : Baron (3e et 9e), Gérard (30e) et Hogard (92e)

Jocelyn Merlen :“Dunkerque était dans notre groupe, une grosse équipe de CFA, et avait affiché son ambition de National. Ce dont je me souviens le plus est le score : 4-0 ! C’est vrai, nous avions fait un gros match… Si je me souviens bien, j’avais réalisé deux passes décisives et Fabrice Baron avait marqué, deux fois sur mes coup-francs, de la tête.  Nous avions vraiment dominé le match sur Dunkerque, ce soir là, et c’était plus que mérité. J’ai des images comme quoi nous étions très solides”.

Stéphane Canu :“Je me souviens bien du match contre Dunkerque car c’était mon dernier en tant que capitaine et après, je m’étais blessé en CFA dans la région parisienne. J’étais mal retombé et mes ligaments croisés avaient lâchés. Saïd Derschoul m’avait remis sur les bons rails pour la suite de l’Epopée. Contre Dunkerque, nous avions eu la chance de marquer rapidement avec Fabrice Baron, deux fois de la tête sur des coup-francs de “Joce”. Cela nous avait facilité la tâche et, avec des gars comme Gérard et Dutitre qui couraient très vite, c’était plus facile pour nous en contre. Ce match était dans la continuité de notre parcours en championnat, en plus nous étions au complet. A Béthune au 7e tour, nous avions eu du mal à nous qualifier car nous avions souffert. On savait que Dunkerque avait une grosse équipe mais nous avions fait un match plein. C’était quand-même un 8e tour et le Stade Julien-Denis était quasiment plein. Dans ce Stade, je n’ai que des bons souvenirs. J’ai joué sept ans à Calais, j’ai connu Julien-Denis avec 200 personnes en CFA 2 et aussi avec 4 000 ou 5 000 en CFA. A Julien-Denis, ça bougeait tout le temps même avec 200 personnes. Le public était proche de nous et nous étions déjà 3 000 contre Dunkerque. Quand on rentrait sur ce terrain, c’est sûr tu avais envie de mouiller le maillot et tu n’avais pas besoin de motivation. A ce moment, il fallait être réaliste. Etant en CFA, on ne pensait pas aller si loin en Coupe de France. Derrière, on sort Lille aux penalties, nous avions été costauds contre Langon-Castets, net et sans bavure. Après, on tape Cannes aux penalties à Boulogne, ce n’était pas évident pour nous de jouer à la Libération. Après on enchaîne, on élimine Strasbourg puis Bordeaux, on se dit alors “Merde ! Qu’est ce qu’il nous arrive ?”. On ne pouvait plus nous arrêter après tout cela, nous n’étions qu’amateurs. La finale, c’était dur à encaisser. J’ai même eu l’occasion de reparler avec Alain Cavéglia, qui a joué après au Havre comme je suis normands d’origine. Nous en avions discuté et il l’a  avoué lui-même qu’il avait plongé tout seul. Ce penalty aurait pu changer beaucoup de choses mais on ne le saura jamais. Cela m’avait quand-même fait plaisir de le voir car il a été un grand professionnel avec une belle carrière, à Lyon notamment. Le Football est parfois cruel !”.

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1/32e de finale CRUFC – LOSC (D2) : 1-1 (7-6 aux pen)

Buteur : Cygan (68e csc)

Ce 1/32e de finale contre le LOSC de Vahid Halilhodzic, à Julien-Denis, a vraiment marqué le début de l’Epopée du CRUFC. A partir de ce moment, la ville de Calais a commencé à vibrer. Un de nos joueurs du CRUFC reviendra sur cette rencontre et le premier à qui nous avons demandé d’en revenir est le Capitaine du LOSC de l’époque : un certain Calaisien nommé Djezon Boutoille (formé au CRUFC).

Djezon Boutoille :“Nous venions de “doubler” contre le CRUFC puisque nous les avions éliminés lors de la Coupe de France précédente avec Vahid Halilhodzic. Pour moi, cela faisait toujours plaisir de revenir à la maison et jouer à Julien-Denis restait toujours agréable. C’était un match très compliqué pour nous avec énormément de vent, un dimanche après-midi à 15 heures, pour nos les “pros” ce n’était pas facile. Nous menions 1-0 à la mi-temps, nous aurions dû tuer le match bien plus tôt et Calais a égalisé sur un but contre son camp de Pascal Cygan. Durant les prolongations, les joueurs de Calais ont été courageux et vaillants. Nous sommes allés jusqu’aux penalties où le CRUFC a gagné. J’avais été déçu car à l’époque mon club était Lille et après je suis vite devenu supporter du CRUFC pour dire que les joueurs aillent le plus loin et ils sont allés jusqu’au bout. Bien entendu, j’étais au Stade de France pour assister à la finale contre Nantes”.

Mathieu Millien :“Lille était champion d’Automne en Ligue 2, cette saison, et ils avaient beaucoup de points d’avance au classement. C’était exceptionnel pour nous. Il faudra aussi demander à Djezon s’il y avait penalty d’ailleurs (Rires) ? A chaque fois, Djezon chambrait Cédric Schille car il y avait une action litigieuse à un moment donné. Il avait fait un crochet, le ballon était allé sur le côté et Cédric avait plongé. Il y a des arbitres qui auraient sifflé et d’autres non sur ces actions. Cela revenait souvent”.

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1/16e de finale CRUFC – Langon-Castets (CFA 2) : 3-0

Buteurs : Gérard (28e et 56e) et Dutitre (68e) pour le Crufc.

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1/8 de finale à Boulogne CRUFC – Cannes (D2) : 1-1 (4-1 aux pen)

Buteur : Hogard (118e) pour le Crufc. Chabaud (115e) pour Cannes.

Cédric Schille (les M. M. entre parenthèses sont les commentaires de Mathieu Millien sur le récit de notre gardien comme nous avions reçu les deux joueurs ensemble) :“Cannes, c’était un très grand match. A la 115e minute, nous sommes menés 1-0. Nous avions alors une dernière chance, sur un corner à deux que Manu Vasseur avait tiré, c’était un ballon de “merde” d’un côté mais au final c’était une superbe occasion puisque Manu met le ballon à ras du sol au niveau des 5,50 mètres. Donc, pour un défenseur, c’est très dangereux ! A ce moment-là, Christophe Hogaert se jette pour la mettre au deuxième poteau de la tête et ce n’était pas évident (M. M. :“Même moi, je n’aurai pas été la mettre sur ce centre, rires”) et on égalise là-dessus. A la 115e, le Président de Cannes descendait dans le couloir à Boulogne en disant qu’ils gagnaient 1-0 et lorsqu’il a remonté sur le terrain, on égalise ! C’était énorme ! (M. M.“En plus, en égalisant, il ne pouvait plus rien nous arriver, nous avions un grand Cédric Schille dans les buts, on savait qu’on allait se qualifier après ce but”) Honnêtement, et c’est ce que j’essaie d’inculquer à mes gardiens, durant les penalties, il faut rester concentrés sur son rôle, le ballon et l’attaquant. Il ne faut rien voir autour. Il y a toujours une part d’intimidation ou de provocation de l’attaquant ou du gardien, certains bougent sur la ligne… A ce moment, il faut vivre dans une bulle, il ne faut rien voir ou entendre, juste le joueur et le coup de sifflet de l’arbitre. Les penalties, c’est un jeu entre le gardien et l’attaquant. Je me souviens d’un Cannois qui avait essayé de m’allumer en regardant sur la droite tout le temps. C’était une évidence qu’il n’allait pas tirer de ce côté tellement il insistait. Je suis donc parti à gauche et ça a réussi sur ce tir ! En égalisant, à la 119e minute, tu es dans une euphorie, tu n’es pas sur un nuage mais tu te crois un peu invincible. Durant cette séance de tirs aux but, on a besoin de son gardien plus que pendant les matches. Nous jouions un grand club de Ligue 2, mais il fallait faire abstraction de tout ça. Les “pros” ont deux bras et deux jambes comme nous et ils sont 11 aussi. (M. M. :“C’est vrai que pendant ces moments-là, on faisait abstraction de tout. Même à Bollaert, nous étions dans une cathédrale et on s’apercevait de tout-ça une fois que le match se terminait et que nous sortions de notre bulle. C’est peut être aussi ce qui a fait que nous avons obtenu de bons résultats. Tout le monde était concentré et le coach nous mettait dans les bonnes conditions aussi). C’est vrai que c’est monté progressivement, nous avons commencé à Julien-Denis avec le plein contre Lille et Langon-Castets (CFA 2) avant de partir sur Boulogne. Nous avions continué progressivement en passant à Lens, contre Strasbourg, avec 25 000, Bordeaux 42 00 et tout ce qui s’en suit. On ne s’est pas retrouvé d’un seul coup au Stade de France à 80 000 spectateurs, c’est venu progressivement mais on a su nous canaliser. Je me souviendrais toujours d’une phrase de Ladislas Lozano, après la qualification contre Lille, même si nous ne savions pas ce qui allait arriver ensuite “UNE équipe est née, ce soir, je le pense réellement !” Et je ne sais pas si Lozano s’était aperçu de l’importance de cette phrase”.

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1/4 de finale à Lens CRUFC – Strasbourg (D1) : 2-1

Buteurs : Hogard (38e) et Merlen (45e) pour le Crufc. Echouafni (6e) pour Strasbourg.

Jocelyn Merlen :“C’était la première équipe de Ligue 1 que nous jouions et je peux te dire sincèrement que nous n’avions rien changé à notre préparation. Jusqu’à la finale, tous les matches ont été préparés de la même manière. Rien n’avait changé, nous gardions les mêmes habitudes et nous restions les mêmes. Nous étions sereins, nous ne nous prenions pas la tête. Tiens une anecdote (Attention EXCLUSIVITE POUR CRUFC.fr) : Les veilles de matches en championnat, avec Mickaël Gérard et parfois avec Manu Vasseur, nous avions l’habitude de boire une ou deux bières ensemble après l’entraînement. Nous étions “au vert” à Lens et nous nous étions entraînés le vendredi matin. Le vendredi après-midi à l’hôtel, avec Mickaël, on s’est regardé et on s’est dit “Il n’y a rien autour, comment va-t-on faire ?”. Finalement, nous sommes sortis de l’hôtel et nous sommes allés boire notre petite bière devant la gare de Lens. Le rendez-vous pour le repas avec le groupe était à 19h ou 19h30 à l’hôtel. Nous sommes arrivés à 20h, tout le monde était à table, ils nous ont tous regardés et se sont marrés. Ils nous ont bien chambrés ! On pensait même que Ladislas nous aurait “tués”, vu son tempérament, il nous a juste dit “Installez-vous les gars !”. C’est pour dire comment étaient notre état d’esprit avant le match et notre préparation. Nous n’avions jamais rien changé en nous et cela ne nous a pas mis plus de pression que ça, le fait de jouer Strasbourg. Cela a fait notre force et celle d’y croire. On y croyait, on était sûr qu’on allait passer et sûr de nous-mêmes. Sincèrement, nous l’étions ! Nous n’étions pas non plus des grands joueurs mais nous nous battions avec nos armes. Quand je vois notre groupe d’aujourd’hui, nous n’avions peut-être pas plus de qualités qu’eux. Par contre, nous ne lâchions rien, nous étions costauds et mentalement aussi. Strasbourg, nous étions menés au bout d’un quart d’heure de jeu. Tout le monde se disait alors : “Ils vont se faire exploser !”. Mais nous NON ! Nous avons réagi tout de suite, moi en premier parce que j’avais réalisé un premier quart d’heure catastrophique. J’entends encore Ladislas crier sur le banc de touche : “Purée, Joce, il est en train de dormir”. Connaissant Ladislas lorsqu’il hurlait, je savais qu’il était capable de faire trois changements et de me sortir tout de suite. Je me suis dit : “Là, il faut que je réagisse sinon, à la mi-temps, je vais être sur le banc”. Ce but m’a peut-être réveillé aussi. Et on a réagit, on a fait un gros match même si le début était compliqué ! On a égalisé par Christophe Hogard et on a marqué le deuxième but avant la deuxième mi-temps. Cela reste un de mes plus grands souvenirs. Je marque même si j’ai un peu de réussite là-dessus. Mais c’était souvent travaillé à l’entraînement. Quand vous avez un joueur comme Fabrice Baron qui, dans le jeu aérien était très fort, ça aide sur ces coup-francs. Il ne la touche pas, le gardien fait une erreur de main mais le plus important est que le ballon soit rentré. A partir de ce moment là, j’ai regardé l’arbitre de touche se dirigeait vers la ligne médiane. J’ai compris que le ballon était rentré et là, j’ai couru partout. Il y avait du monde à Bollaert, 20 000 ou 25 000 personnes et là, je continuais à courir partout. J’étais fou, même mes équipiers n’arrivaient même pas à me rattraper. Forcément, tu es content de vivre ça une fois dans ta vie ! Cela reste gravé dans ma mémoire, je ne pourrais pas l’oublier. Sur ce match, il faut rappeler aussi que c’était la première Ligue 1 que nous rencontrions. C’est vrai, il y avait eu Lille et Cannes avant (Ligue 2), mais là c’était quand même une première Ligue 1 pour nous. Après, nous nous sommes arrachés et battus jusqu’au bout et nous nous sommes qualifiés. Il faut le dire aussi, nous avions un excellent gardien de but, Cédric Schille. Il a eu sa grande part de responsabilité sur toute l’Epopée ! Après tout ça, j’ai plein de souvenirs. Le retour en bus à Calais avec le public qui nous attendait à la Mairie, la Liesse partout dans Calais, c’était incroyable ! Même à l’entraînement, nous arrivions, il y avait plein de journalistes, c’était complet et cela devenait compliqué. Il fallait gérer cela et je pense que le Coach Ladislas l’a bien géré. Quand on commençait les entraînements, les supporters étaient là pour demander des autographes. Quand on est amateur, tu te demandes ce qui se passe et tout que cette victoire a changé pour nous. Cela a changé énormément de choses mais le tout restait de savoir d’où tu viens et de faire la part des choses. Nous sommes tous restés nous-mêmes. Depuis, je n’ai jamais revu un match ni même en parler, même avec mon fils. S’il me pose la question un jour, forcément je lui répondrai. Il a même vu le DVD, je n’ai pas pu le regarder avec lui. Même mon père regardait encore “Calais – Bordeaux”, il n’y a pas longtemps, je n’ai pas réussi à le regarder avec lui. Je ne suis pas prêt à revoir ces images car cela m’a fait tellement de mal, surtout cette finale. Nous étions tellement sûrs de l’emporter. Je ne voyais pas comment on pouvait perdre cette Finale. C’est pour ça que, même aujourd’hui, j’évite d’en parler. Cette erreur d’arbitrage à la dernière minutes contre Nantes m’a fait énormément de mal autant sur le moment qu’après. J’aurais même pu mal réagir à ce moment tellement j’étais dégoûté. La soirée au Lido après la Finale, je repensais tout le temps au match et je n’ai même pas profité de la soirée comme j’aurai dû le faire. J’étais encore effondré, après il faut l’accepter. Treize ans après, j’ai eu le temps de la digérer, j’ai l’ai encore en travers de la gorge aujourd’hui même si est fait”.2000_strasbourg.png

1/2 finale à Lens CRUFC – Bordeaux (D1) : 3-1

Buteurs : Jandau (99e), Millien (104e) et Gérard (119e) pour le Crufc. Laslandes (108e) pour Bordeaux.

Le Stade Félix-Bollaert accueillait le Crufc pour la seconde fois, après Strasbourg. Face aux Calaisiens, pas moins que le Champion de France en titre avec ses internationaux : Dugarry, Laslandes, Ziani, Micoud, Wiltord… Les 40 000 supporters Calaisiens donnaient de la voix pendant tout le match et se mettaient à bouillir durant la prolongation. Et c’est le plus Calaisien des Calaisiens, notre n°10 Manu Vasseur, qui nous raconte ce match de rêve…

Manu Vasseur :“Dans l’ensemble du match, Bordeaux a un peu dominé, c’est sûr ils étaient supérieurs à nous. La différence s’est faite durant les prolongations. A ce moment, nous n’avons jamais lâché, nous sommes restés solidaires. Pendant la prolongation, Jandau nous permettait de prendre l’avantage avant de se faire rapidement égaliser par Laslandes. A ce moment là, tout le monde a cru que nous allions nous effondrer et en fait pas du tout ! Nous sommes repartis de l’avant pour marquer deux fois par Millien et Gérard. Personne n’aurait mis une pièce sur nous contre Bordeaux, le champion de France en titre et qui jouait en Ligue des Champions. Il y avait beaucoup d’internationaux : Dugarry, Laslandes, Micoud, Ziani. Wiltord aurait même pu jouer mais il était en partance pour Arsenal. C’est sûr, ce match reste un grand souvenir, beaucoup de gens m’en parlent encore. Cette 1/2 finale était magique, il y avait encore plus d’ambiance au Stade Bollaert qu’en finale au Stade de France. Comme les tribunes étaient plus proches du terrain, l’ambiance était plus forte”.

Stéphane Canu :“Je m’étais blessé en CFA et j’étais revenu une première fois dans le groupe contre Cannes. J’aurais pu revenir contre Langon-Castets mais j’avais répondu franchement à Ladislas que je n’étais pas encore opérationnel à 100%. J’ai pu voir la suite de cette Epopée en tant que remplaçant car, après cette blessure, je commençais sur le banc mais la chance que j’ai eue, c’était de jouer chaque rencontre. Contre Bordeaux, il devait y avoir 40 000 personnes à Bollaert, cela faisait des gros frissons. Cela reste mon meilleur souvenir devant autant de monde, je me souviens de l’échauffement, nous sommes repartis dans le vestiaire et ça vibrait tellement il y a avait de monde. Les Calaisiens poussaient et hurlaient, ça donnait la chair de poule. Les Lensois nous avaient super bien accueillis. Même à la fin du match, ils nous avaient préparés un buffet froid avec une banderole marqué “Félicitations”, c’était génial. Les gens en parlent encore beaucoup et je pense aussi que c’est le match que les gens ont le plus retenu. C’est logique car c’était peut-être notre plus gros match. Cela faisait trois saisons que nous passions ensemble donc nous nous connaissions très bien et le groupe était exceptionnel. J’ai fait pas mal de clubs mais c’est rare de trouver ça avec, en plus, un bon entraîneur comme Ladislas Lozano. Avec lui, quand il y avait un problème cela se réglait toujours. Je me souviens de m’être disputé une fois avec lui, il m’avait mis quinze jours en réserve, je faisais la gueule mais, au bout de quinze jours, il m’a dit “Viens dans le bureau” on s’est expliqué, on a bu une bière ensemble après et je suis revenu dans le groupe. De toute façon, celui qui n’aurait pas mouiller le maillot, ne jouait pas et on ne pouvait pas tricher avec Ladis. J’étais rentré au bon moment contre Bordeaux, vers la 60e ou la 70e minute, et je crois même que c’était ma meilleure rentrée. Nous avions une équipe très soudée, nous ne lâchions rien et c’était notre force. Il y avait des internationaux et des grands joueurs en face. Bordeaux nous a respectés mais nous n’avions peurs de rien. Nous avions passé Strasbourg et nous étions donc sûrs de passer Bordeaux, rien ne pouvait nous arrêter. Lors de cette rentrée, j’ai eu de nouveaux frissons, en plus l’équipe tournait très bien donc c’était plus facile de rentrer dans ces conditions. Le public n’arrêtait pas de nous pousser donc nous ne pouvions que passer. Même après l’égalisation de Bordeaux, on s’est toujours encouragé, ce n’était pas fini. Ce jour là, il ne pouvait rien nous arriver et je pense même que nous avions mieux terminé qu’eux le match. Notre réaction a été très forte à ce moment-là, nous sommes repartis de l’avant et nous avons eu la chance de marquer deux buts après. Je me souviens aussi des joueurs de Bordeaux, Legwinski et Micoud, qui étaient très forts pendant cette demi-finale. Je pense que les Bordelais devaient penser que ce n’était pas possible pour nous de battre deux fois de suite une Ligue 1. A l’arrivée, il n’y avait rien à dire sur notre qualification. Au retour de Calais, la Place de la Mairie était pleine, c’était impressionnant. On se doutait que des gens allaient nous attendre mais pas à ce point. Cette fête était superbe, cela faisait plaisir de voir autant de supporters chanter “Calais”. Même le fait d’en parler donne encore la chair de poule, c’était quelque chose de dingue. Même après la finale, j’étais allé voir ma mère en Normandie et un journaliste m’avait reconnu dans la rue pour faire une interview, c’était très sympa de faire ça en Normandie chez ma mère, je ne m’attendais pas à ça. Ce n’était pas évident pour nous car nous n’avions pas l’habitude. Je comprends les pros qui doivent parfois en avoir marre de toujours répondre. Nous étions perdus, même en Finale, Ladislas me demandait de m’échauffer et sans le savoir, j’étais parti derrière le but de Landreau, quelqu’un m’avait même rappelé pour dire “Ce n’est pas ta place tu dois aller de l’autre côté…”. Mes bons moments aussi étaient avec mon ami, Manu Vasseur, on s’est toujours bien entendus. Dès qu’il avait besoin de moi, j’étais là, c’est un bon copain. Même le groupe, nous étions une bonne bande de copains, nous faisions même des collations chez nous avec Mickaël et Jocelyn et aussi des repas après les matches. C’étaient des bons souvenirs, même 13 ans après !“.

Mathieu Millien (les C. S. entre parenthèses sont les commentaires de Cédric Schille sur le récit de Mathieu comme nous avions reçu les deux joueurs ensemble) :“C’était une ambiance très électrique sur le terrain. Il y avait eu des grêles juste avant la rencontre. On sentait aussi les Bordelais très nerveux même s’ils étaient champions de France en titre. On sentait que rien ne pouvait nous arriver avant le match. Nous étions conditionnés, pour nous ce n’était pas Bordeaux en face, c’était juste une équipe de championnat classique. Nous avons joué notre jeu, nous les avons pressés comme des chiens jusqu’à la 90e. (C. S. :“Avant la reprise de la prolongation, nous nous sommes rassemblés sur le terrain quelques minutes. Certains joueurs se disaient explosés et même quand nous avons repris le match, nous nous sommes aperçus que, physiquement, Bordeaux était à la ramasse et que nous étions plus forts physiquement). Bordeaux sortait peut-être aussi d’une préparation physique lourde alors que nous, nous étions au Top. Richard Ellena avait tout fait pour ça et avec Ladislas, nous étions peut-être encore mieux préparés que les “pros” même s’ils n’avaient rien changé à leur manière de faire.A 1-0, toutes les équipes se seraient repliés devant le but mais pas nous. Bon, Laslandes égalise rapidement et nous avons rejoué notre Football après. Mais nous étions tous des combattants sur le terrain et même durant nos entraînements, nous ne devions rien lâcher. Sur le but que je mets, je suis dans la surface avec “Stéph” Canu. Nous allons presser le libéro, même si jouions le Champion de France. Cela paraissait incohérent mais l’axial fait l’erreur et nous avons eu raison avec “Stéph”. Je me retrouve avec le ballon, je ne me pose pas de question, je frappe et voilà le 2e but.(C. S. :“Notre plus grande peur était de prendre trois ou quatre buts même si nous n’avions pas peur des équipes. Nous voulions les presser pour les empêcher de jouer. Je me souviens encore du tableau noir avant le match. Ils nous avaient montrés tout le cheminement du jeu bordelais. Bon à la fin, c’était un “griboullis” mais cela nous montrait exactement leur manière de jouer. Mais tant que Bordeaux ne nous avait pas montré que c’était une équipe de Ligue 1, nous n’avions rien à perdre. Nous avons joué notre jeu même si tactiquement, ils étaient nettement supérieurs à nous. Sur l’envie et le physique nous étions là. Richard Ellena doit avoir les oreilles qui sifflent parce que, franchement, il nous faisait de superbes séances et nous étions au Top physiquement. Par contre est-ce que Mathieu Millien a dit que son but était un pointu ? (Rires) C’est vrai il a quand-même mis un pointu en pleine lucarne à Ulrich Ramé !). Pourtant, je n’ai jamais remis de pointu plus tard. C’est comme le premier but de Cédric Jandau, il ne l’a jamais remis à l’entraînement ou en match. Ce but était magnifique ! Quand Mickaël Gérard marque le 3e but, j’ai commencé à sentir cette ambiance dans le Stade à 3-1. La pression et la nervosité ont peut-être descendu à ce moment précis. Nous sommes restés en place sur le terrain et j’ai commencé à apprécier le public durant ces trois ou quatre dernières minutes.Le retour sur Calais a été impressionnant. Ce soir là, lorsque nous avions traversé la rue Royale, cela reste des images. Des gens se jetaient sur le car, c’était même dangereux quand on y repense car c’était blindé”.

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Finale au Stade de France CRUFC – Nantes (D1) : 1-2

Buteur : Dutitre (34e) pour le Crufc. Sibierski (50e et 90e sur pen)

Cédric Schille (les M. M. entre parenthèses seront les commentaires de Mathieu Millien sur le récit de notre gardien comme nous avions reçu les deux joueurs ensemble) :“Nous étions partis quatre jours pour préparer cette finale, deux jours à Clairefontaine et ensuite deux jours au Château Richard, le siège du Rugby avant de partir le Dimanche au Stade de France (M. M. :“Il faut savoir qu’au Château Ricard, les titulaires étaient au Château et nous, les “coiffeurs”, nous étions dans les écuries… Mais cela reste une histoire très sympa. Et personne ne s’était plaint de ça en demandant au coach pourquoi nous étions dans les écuries ?”). C’est vrai qu’il y avait le bâtiment principal avec dix chambres seulement et la restauration et nous étions nombreux. C’est ce qui explique cette séparation. Il devait y avoir 300 mètres d’écart entre les deux bâtiments et on se souvient encore de cette petite charrette de golf pour venir. Je me souviens que les joueurs avaient fait les cons avec cette petite voiture. Claude Rioust faisait toujours le con avec et un joueur en était même tombé (M. M. :“Quant à nous, cela reste des bons souvenirs et de bons moments même si, du coup, nous savions que nous ne commencions pas la Finale). Nous avions un esprit de camaraderie, une grande convivialité, même si on ne se retrouvait pas tous les week-ends ensemble. Mais, quand nous rentrions dans cet esprit “Foot” nous étions très solidaires les uns des autres. Nous nous entre-aidions tous sur le terrain et nous ne lâchions rien. C’était l’une de nos grandes forces. Nous n’avions pas retrouvés cet esprit en 2006 même si l’équipe était plus forte techniquement, nous n’allions pas au bout des choses (M. M. :“C’est vrai qu’en vivant ça une fois, en 2000, on est beaucoup plus forts pour la suite, notamment en 2006 et 2007. Pendant quelques années, nous allions au minimum au 8e tour, c’était déjà pas mal. La colonne vertébrale était restée avec de très bons joueurs qui étaient arrivés pour les autres Epopées). La veille de la Finale, nous avions fait un entraînement pourri, Ladislas l’avait même arrêté à cause de la grêle, cela nous rappelait l’ambiance de Bordeaux. Au retour au Château, Ladis avait dit “On oublie tout ça, on va boire un verre ensemble”, la veille du match ! (M. M. :“Nous sommes donc allés dans un petit troqué à Clairefontaine et je crois qu’ils n’avaient jamais vu venir une équipe de Foot. Ils nous demandaient ce que nous faisions ? Une finale demain ! Cela surprenait les gens). Le jour de la Finale, nous ne pouvions pas dire que nous n’avions pas de pression, là c’était différent. Nous avions été escortés par des motards jusqu’au Stade de France ! (M. M. : “On retrouvait un peu les images de 1998, cela faisait la même chose. C’était impressionnant mais une fois que nous étions dans le vestiaire, c’était sorti de notre tête). Une fois que l’échauffement avait commencé, nous avions fait abstraction de tout ça et de cette journée. Comment l’expliquer ? Nous avions été préparés et aucun joueur n’a montré sa peur. Nous avions un groupe plus que solidaire. La première mi-temps nous ressemblait par rapport aux matches précédents. Nous avons joué notre jeu, on gagnait 1-0 à la-temps. En revenant au vestiaire je me suis dit “Ce n’est pas possible, on ne va pas réussir à gagner”. C’était peut-être malheureux de le dire parce que nous voulions tous gagner ce match mais c’était impensable pour une équipe de CFA. La deuxième mi-temps a certainement été la pire de tout notre Epopée. Sibierski égalise et il y a eu ce fameux penalty. Il y a eu penalty ou il n’y a pas eu penalty ? En parler, ce n’est pas un problème mais cela ne changera rien. Les gens ne se souviennent que du penalty et que nous pouvions gagner, c’est ça qui est fabuleux. Si nous étions allés aux prolongations, je pense que nous étions cuits. (M. M. :“A la fin du match, on sentait bien que physiquement et nerveusement, nous étions explosés. Si nous avions gagné, les gens ne se souviendraient peut-être plus de notre victoire. Le fait que le petit avait été battu par un grand à cause d’une injustice a beaucoup plus marqué les gens que le reste. Lors de la remise de cette Coupe de France, Mickaël Landreau a appelé Réginald pour soulever la Coupe ensemble, c’est une image qui est restée très forte au bout du compte et même dans la carrière de Landreau. Heureusement que nous avons eu cette image, sinon on aurait gardé quoi ? Le plongeon de Cavéglia ?). Personne n’était au courant de ce geste, que Landreau appele Réginald pour soulever la Coupe, et en termes d’image, c’était la plus forte. L’Equipe en avait fait sa “Une”, le lendemain, avec en titre “Il y a deux vainqueurs” et le Président Jacques Chirac avait dit “Nous avions deux vainqueurs aujourd’hui : un sur le terrain et un dans le coeur”. C’est vrai que nous n’avions pas vraiment vu cette image du terrain, nous étions tous dans le vide”.

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